Estimant que l’amélioration de la
sécurité routière concerne assez peu les Deux roues motorisés (2RM), et
après la publication d’un premier rapport en 2001, l’Administration
s’est penchée sur notre cas « en raison de [notre] plus grande
vulnérabilité , d’une méconnaissance du sujet, de données
insuffisantes, de comportements « dérogatoires à la règle » notamment
en matière de vitesse ».
Un rapport détaillé de 280 pages fait ainsi le point sur les
mesures pouvant améliorer l’accidentologie de notre mode de transport,
et viennent confirmer les premières informations dont nous avions eu
vent et dont nous nous étions fait l ‘écho dans le bulletin d’info aux
adhérents de la FFMC, le "Caillou dans la Flaque".
Dans son préambule, le rapport établit clairement que : « les
[2RM] ne bénéficient pas d’une attention et d’efforts proportionnés à
l’enjeu humain, économique, et social qu’ils représentent.
C’est pourquoi, le groupe a sélectionné, parmi les actions, études et
recherches proposées, celles qui à ses yeux constituent le socle d’une
politique spécifique en faveur des 2RM. »
Si l’on peut saluer la masse de travail respectable qui montre une
volonté d’aller plus loin que le "petit bout de la lorgnette" des
chiffres bruts de l’accidentologie moto, leurs conclusions et
recommandations semblent une nouvelle fois dictées par la sempiternelle
politique de répression routière que nous subissons depuis maintenant
quelques années.
En effet, alors que les analyses développées dans ce rapport
montrent par exemple l’importance d’améliorer la formation des
automobilistes et motocyclistes, la nécessité d’améliorer
l’infrastructure routière, ou la vulnérabilité inhérente à notre mode
de transport, devinez quelle est la proposition prioritaire la plus
mise en avant ? L’adoption d’une plaque à l’avant pour les motos… !
_Coté formation c’est un peu le désert,
il faut atteindre la 17eme position pour trouver des propositions pour
la formation des usagers de DRM, alors que c’est pour nous la clé d’une
amélioration pérenne des comportements sur la route.
Est-ce une manière de se distinguer pour la France ? Sans même
parler de la faisabilité d’arborer une plaque d’immatriculation à
l’avant de nos motos (on la met où ?), est-ce un remake de mauvais goût
de « l’exception française » qui se singulariserait une fois de plus et
après la calamiteuse « loi des 100 ch » de nos voisins européens ?
L’OCDE, qui a aussi planché avant l’été sur le sujet, a pourtant axé ses recommandations pour la sécurité des 2RM sur des propositions autrement plus constructives et pérennes.
C’est d’autant plus inacceptable que cette proposition du "rapport
Guyot" se base sur une affirmation erronée : les motards ne seraient
pas assez « sensibles » à la force de dissuasion du contrôle sanction
automatique. Pourtant les graphiques qui illustrent le rapport Guyot
montrent le contraire, puisque la vitesse moyenne et le taux d’excès de
vitesse des 2RM ont significativement baissé, et dans des proportions
similaires à celle des voitures… Restent que les petits malins qui
prennent plaisir à se faire flasher en moto, doigt levé face au radar
se tirent une sacrée balle dans le pied… c’est donner du grain à moudre
aux partisans d’une certaine "communication politique" actuellement au
pouvoir.
Bref, un sujet de discussion, à n’en
pas douter, que les représentants de la FFMC aborderont avec Michèle
Merli, la nouvelle DISR qu’ils rencontreront lundi 22 septembre
prochain.
* « Gisements de sécurité routière :
les deux-roues motorisés » ISBN : 978-2-11-006979-5 disponible auprès
de la Documentation Française, 12€