Ouverture du tunnel le plus moderne de France Angélique Négroni 25/06/2009
D'un coût total de 2,4 milliards d'euros, cet ouvrage,
qui boucle le superpériphérique francilien, est le plus cher jamais construit.
Il cumule tous les superlatifs. Le tunnel de l'A86, dont
la mise en service à l'ouest de la capitale est prévue à la fin du mois,est, avec un
investissement prévu de 2,4 milliards d'euros, le plus coûteux jamais
construit en France. Destiné à achever le bouclage de l'A86 - ce superpériphérique autour de Paris reliant les villes de la petite couronne -
il sera aussi le plus long d'Ile-de-France, une fois achevé d'ici à deux ans. Au total, 10 km de route souterraine relieront Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine à Versailles dans les Yvelines. Enfin,selon Cofiroute qui l'a réalisé et qui en est aujourd'hui le concessionnaire
pour 70 ans, il est aussi le plus sûr de tous.
Conçu selon la nouvelle réglementation mise en place au lendemain du terrible incendie du tunnel du Mont-Blanc provoquant la mort de 39 personnes en 1999, cet ouvrage prochainement mis en service sur une longueur de 4,5 km- de Rueil à l'A 13 au niveau de Vaucresson - se veut un
modèle du genre en matière de sécurité. Ce tunnel mobilise une équipe de 100
personnes, 450 caméras, des panneaux d'informations à message variable
tous les 400 mètres, un système informatique complexe relié à un poste de
contrôle fonctionnant 24 heures sur 24, des bornes d'appel tous les 50 mètres,
des refuges tous les 200 mètres... Pour Philippe Fourny*, qui a consacré
un livre sur ces structures souterraines, la sécurité mise en place n'a
plus rien à voir avec ce qui a prévalu en France. «Rappelons que dans le tunnel
de Fréjus, long de 12 865 mètres, des issues de secours ne sont installées
que tous les 1 750 mètres.»
Surtout, ce nouveau tunnel comprend deux niveaux de circulation à deux voies chacun, superposés et indépendants. Ce qui lui vaut l'appellation de «duplex A 86». «Il existe un tunnel du même genre à Marseille.
Mais utilisé pour le train, il a été adapté à la circulation automobile. Ici,
Cofiroute a tout créé», explique Michel Quatre, président de la Commission
nationale d'évaluation de la sécurité des ouvrages routiers(Cnesor).
L'intérêt de ce choix est multiple. Il évite tout risque
de collision.Ensuite, en cas d'incendie, les fumées sont balayées
dans le sens de la circulation jusqu'au premier système d'extraction, mis en
place tous les 400 mètres. Un procédé évidement inconcevable quand le tunnel
abrite un trafic bidirectionnel car l'air vicié serait alors projeté vers
les conducteurs conduisant dans l'autre sens. En cas de sinistre lié aux
flammes, le concessionnaire a par ailleurs prévu un système de
brumisateur. «Il sera utilisé en cas d'incendie important, car ces gouttelettes
en se vaporisant absorbent la chaleur», explique André Broto, directeur
général adjoint de Cofiroute.
Les motos privées d'accès
Or, les sinistres lourds devraient être évités, pour la bonne raison que ceux qui en sont la cause principale n'ont pas droit d'entrer dans ce duplex. Les camions sont en effet interdits d'accès. Et
si leurs conducteurs voulaient braver l'interdit, ils en seraient empêchés, la hauteur du tunnel
n'excédant pas 2,50 mètres. «C'est un point important», commente Michel Quatre en rappelant quelques chiffres : «Quand un poids lourd brûle, la température atteint 1 200 degrés contre 250 quand il s'agit d'une voiture.»
Mais ce plafond, plutôt bas et lié directement à la conception de ce long tube, a aussi des conséquences un peu fâcheuses. Les véhicules de secours ne peuvent intervenir. Pour se rendre jusqu'au sinistre, leur personnel est obligé d'utiliser des engins spécialement conçus pour l'ouvrage.
Autre catégorie privée d'accès : les motos. Une décision prise pour des raisons de sécurité, selon Michel Quatre, mais qui fait bondir les associations de motards. Enfin, indiquons que sur ces
routes souterraines où la vitesse est limitée à 70 km/h, cinq radars sont d'ores et déjà mis en
place. Un moyen plus classique de lutter contre l'insécurité.
* L'Incendie du tunnel du Mont-Blanc, Éditions du mécène